Bien vite, la fine pluie se mit à battre comme jamais depuis les derniers jours. L'averse s'annonçait terrible : les rues seront vite remplies, à ras bord, et les égouts débordés par les événements. Tout deviendrait glissant très bientôt et les arbres, plutôt fiers, devront vite baisser leur panache, pour ainsi laisser une plus grande force les dominer. Alors les rivières seront gonflées, l'herbe mouillée, et tous courront s'abriter. Cherchant la moindre parcelle pour s'épargner d'une douche froide et désagréable. Le soleil se masquait sous l'épaisse couche de nuage, jouant un peu à la cachette avec les oiseaux ; ces-dernier volaient et s'amusaient un moment avant que leurs frêles ailes pleines de gouttelettes ne soient trop lourdes pour leurs permettre de planer. Le temps chaud laissa la place au temps froid, une légère brume tapissa les trottoir encore tout chaud du matin bien éclairé. C'était un changement radicale peu commun, mais qui était nécessaire, parfois. La pluie lave les péchés, les malheurs. Les hommes, malgré leur moue désagréable, leurs dents grinçantes de désarroi, leurs sourcils affaissés, étaient bien contents de pouvoir mouiller leurs défauts.
Mais cette température fugace, car elle ne durerait que quelques minutes, pour bien submerger Karakura, n'empêchait pas les routines de tourner. On se levait tout de même, s'habillant rapidement, déjeunant entre deux respirations, chaussant nos godasses puis partant dans une drôle d'allure pour le travail. On partait les moteurs puis disparaissait dans la circulation croissante. Hélas, ce matin, la pluie ralentissait tout, alors on allume le poste de radio et on écoute, non sans mécontentement, les nouvelles de la semaine. Mardi. Jour tertiaire de la semaine, souvent la suite du commencement pour plusieurs ; la continuité indifférente pour d'autres. Car Sôjiro s'en fichait, avec son jeune minois trempé et ruisselant vers le ciel, un sourire au lèvre. Ses vêtements coulaient de partout, plongeant ses pieds d'enfants dans deux marres claires sous le cuir de ses espadrilles. Les lacets, n'ayant même pas eu l'attention de leur maître, pendaient misérablement vers terre.
Droit comme un soldat, joyeux comme un bambin, il respirait l'air chargé d'humidité. Il s'était positionné au haut du lycée de Karakura, sur la grille, avec adresse et équilibre. Et il ne bougeait pas depuis son arrivé, soit une heure auparavant. Sa silhouette linéaire mais petite cachait une force charismatique. Malgré le détail de sa taille, ce vizard était capable de grandes choses, lorsqu'il avait plein contrôle de son esprit. Car une noirceur le taraudait, le plongeant souvent dans la malice, la peur et la violence. Shinigami au côté obscur plus développé, c'était son seul gouffre à inonder de lumière. Ôrijao, son hollow, était vil que le diable et habile comme les fées. Sa force n'étant non négligeable, Sôjiro s'empêchait donc de se mutiler pour faire sortir le vilain, ayant l'espoir de s'approprier une fois cette chose qu'il traquait comme une bête. De plus, il avait des amis qui lui étaient chers. Enfin, une en générale. La douce Hana, Sayuri Hana, qui lui avait tant gravée un sourire sur sa figure parfois triste. Il l'avait malencontreusement perdu de vue, et c'était déplorable pour celui qui s'était juré de la venger. De plus, Sôjiro avait eu vent du départ des vizards en masse, ce qui l'attristait légèrement. Mais il devait se tourner vers un lendemain heureux, et non s'apitoyer sur un passé mélancolique.
Lentement, il baissa les yeux, apercevant avec douce surprise un parapluie sombre beaucoup plus bas. Se concentrant, il repéra un reaitsu, quoi que plutôt faible, juste au dessous. Son corps tanguait pour aller rejoindre cette âme en progression. Un humain, homme ou femme, l'important peu. Le tout qu'il espérait c'est qu'il pourra chasse ses remords en lui causant. Ses cheveux roses, lissés sur son crâne, dégoulinant, lui donnerait-il la drôle d'impression que chacun portait pour cette tête de couleur peu commune ? Fin brève à sa rêverie pourtant, il perdit pied, se retrouvant à tomber à vitesse folle vers se léger abri pour pluie. Ne voulant la brusquer, il s'efforça pour ralentir la progression de sa chute en fermant les yeux et concentrant le plus de particules spirituelles sous ses pieds. Peu à peu, sa débrouillardise porta fruit, et l'enfant de cent ans passé se posa délicatement sur la pointe de parapluie, sur un pied, léger comme une plume. Croisant ensuite les bras, il ne daigna pas descendre, jugeant qu'il était confortable ainsi. Son regard portait à l'horizon, sans vraiment apercevoir la maison, puis l'autre derrière, qui se dressaient, luis masquant la vue. La pluie se mit à tomber de plus belle, martelant le paysage.
« Jeune enfant, vieil adulte, ne faudrait-il pas rentrer nous couvrir. Nous allons être gelés si nous continuons nos occupations à l'extérieur, ainsi. Je me nommes donc Sôjiro A-33, et n'aies craintes, je ne te veux aucun mal. Au cas où la possibilité que tu ressentes un reaitsu négatif émaner de mon âme, je te demandes d'y faire abstraction en me faisant confiance. Rentrons donc. »
Et c'est avec tant de courtoisies que le garçon se présenta poliment.