Souvenir des bancs d'école [PV Yamiko]

Sôjiro se souvenait. Il se souvenait de son ancienne vie. De sa vie à la Soul-Society, de son apprentissage interrompue par l'apparition de son hollow, de la vieille et du vieux, mais surtout des bancs d'école. Il se souvenait qu'autrefois, il prenait un plaisir fou à l'apprentissage du kido, puisque c'était surtout dans cela qu'il excellait.


Le reaitsu de Sôjiro se concentra faiblement au niveau de ses doigts, grésillant un peu. Le garçon tenait son poignet pour empêcher l'éclair blanc de sortir n'importe où. Il gardait bien en tête la technique. C'était un amas de reaitsu concentré en légère pointe au bout de son index et majeur pour être relâché violemment contre l'ennemie et ainsi créer une décharge légèrement puissante. Tout les éléments coïncidaient pour permettre à Sôjiro de parvenir à user de cette technique, mais aussi étrangement que cela puisse paraître, il n'y arrivait pas. Pourtant, il reproduisait à la lettre les instructions des enseignants, alors pourquoi son reaitsu était-il si faible à sa concentration ? Il ne saurait le dire.
L'éclair partit une nouvelle fois mollement, se dispersant avant même de frapper la cible à l'autre bout du terrain, marqué par un cercle rouge de peinture, en anneau. Si il n'y parvenait pas ici, alors où réussirait-il ? Déjà une bonne heure qu'il s'exerçait, et le souffle court, ses membres faiblissaient sous son poids. Il se laissa tomber sur son fessier, désespéré. La tête au creux de ses mains, ses cheveux roses s'agitaient drôlement sur son crâne, suite à l'impulsion du vent. La cours petite d'entraînement était au plein air.
Sôjiro se leva, ailleurs. Sa réserve de reaitsu se faisait faiblement sentir et il devait arrêter ses progrès médiocres là. Il devait manger, et la cantine sonnerait bientôt. Il se dirigea donc vers la cafet', où l'on devait déjà commencer à préparer les multiples bols de riz pour les étudiants. Sôjiro posa sa main sur son ventre, il grondait.

L'académie était grande. Elle regroupait des classes de niveaux différents mais surtout de rang différents. Les nobles ne pouvaient étudier avec les gueux des Rukongai, telle était la mention imposée par les familles souveraines. Mais Sôjiro s'en fichait. À quoi bon se retrouver au travers d'une foule de riches, alors que partout, ils apprenaient les mêmes choses. De plus, rien ne prouvait qu'un noble parvenait à de meilleurs résultats.... C'est ce qu'il croyait.
La cafet' était déjà bondé, et la chevelure rose se fraya un chemin à travers la foule jusqu'au comptoir de service. Il prit son bol de riz, ses baguettes, et partit à la recherche intense d'une place où déguster. Sôjiro était quelqu'un de plutôt timide, sérieux, et peu sympathique dès les premiers secondes de rencontre. Il préférait son petit confort solitaire mental aux expéditions émotionnelles en groupe. C'est pourquoi, chaque jour, il déjeunait seul et se rendait tout de suite après aux airs d'entraînement, pour perfectionner sa technique. Tant qu'il n'avait pas cour.
Il finit son bol de riz, sa faim plus petit qu'il ne l'aurait cru. Il s'assura de ne laisser que quelques grains, et se retourna bien vite pour reporter son bol et se plonger dans ses études de l'après-midi. Mais en se levant, son épaule accrocha le cabaret d'un autre, et son repas s'étala au sol. Les rires se soulevèrent dans la salle, et Sôjiro, rouge de honte, se pencha machinalement pour aider l'étudiant — il espérait que c'était quelqu'un de son niveau, car il avait déjà eu des problèmes sévères avec des plus vieux.

Spoiler:

Le jeune shinigami que Sôjiro bouscula — avec toute sa grâce de jeune empoté — se leva. Sôjiro ne suivait la scène que du coin de l'oeil, trop concentré à s'excuser d'avantage mentalement que d'évaluer l'ascension de la colère de sa victime. Un repas gâché ! En plus du jeune shinigami, il avait fait du mal à celui ou celle qui avait préparé ce repas. Sôjiro s'en voulait horriblement ! Il n'était qu'une jeune et stupide âme ! Il venait de la pauvreté et n'arriverait sûrement pas à allé plus loin dans la hiérarchie que les quelques quartiers de divisions pour les militaires. À vrai dire, la vieille, celle qui l'avait prit sous son aile dès son arrivé dans le monde des âmes, n'avait peut-être pas eut la si bonne intuition — comme le croyait Sôjiro — d'expulser d'une petite tape dans le dos le jeune garçon à l'académie. Certes, il vivait son rêve, mais s'était un rêve très difficile à achever !
Il eut un mouvement de la part de sa victime. Elle éleva le ton. Sôjiro devint d'avantage rouge, fermant les yeux sous toute la honte que lui procurait sa monumentale erreur : il s'était gravement trompé. Ce n'était pas Un shinigami, mais Une shinigamie. Sôjiro voulait encore une fois s'excuser, se courber l'échine et s'écraser au sol, le front sur le plancher chaud de la cafétéria. Il implorait les dieux — il n'était pas croyant mais priait tout de même— qu'on lui permette un vif pardon. Gomen'nasai, gomen'nasai ! se répétait-il sans lasse. Et même si la fille ne comprendrait pas ses nouvelles excuses, son coeur n'en serait qu'alléger. Hélas, elle ne lui laissa pas le temps.

Elle avait fait bonne impression. Les rires cessèrent et tous retournèrent à leur repas. Mais Sôjiro savait que durant au moins la semaine, il resterait la risée de la Soul-Society, au minimum de l'académie. Ce n'était pas la première fois qu'il exécutait ainsi une maladresse... Une fois, il avait bousculé une petite bande, et après quelques coups, un mois durant, il s'était fait accroché entre deux cours. C'est pour ça, des gaffes de sa part lui apportant que persécution, qu'il se taisait en solitaire.
Elle s'accroupit, passant sa petite main sous son menton, le pressant de relever sa figure. Sôjiro obtempéra — si c'était ce qui l'aiderait à avoir son pardon, il ne rechignerait pas. Ses petites lunettes avaient légèrement glissées sur le bout de son nez. Et bien que le visage de l'autre était assez proche, Sôjiro n'eut nullement besoin de ses verres de rapprochement pour voir briller dans les pupilles de la fillette la flamme de vengeance. Cependant, elle se retenait visiblement pour ne pas exploser. Mais les yeux ne trahissent jamais, et au fond de la mer noir des pupilles, Sôjiro repérait les différents sarcasmes et insultes, tels des mines, et cela le chavira. Il était si repoussant que ça de se retrouver près de sa gauche présence ? Sôjiro en mouilla ses cils. La jeune fille sourit, puis se leva. Sôjiro ne put dire si c'était en cause aux émotions fracassantes brassant la petite rivière émotionnelle de sa personne. Puis, sur un ton complètement narcissique, elle lui évoqua son entraînement puis lui proposa son aide. Malgré sa timidité apparente, cette fois, le barrage de sa colère céda, pour une des rares fois. Alors que la jeune fille — qui ne c'était toujours pas présentée — ramassait et rapportait bol, baguettes et assiette, Sôjiro maugréa au fond de lui.
Pas cette chance mon oeil oui ! Si tu penses que je vais accepter ton aide, vieille garce ! Je suis complètement capable de m'arranger seul !
Mais au retour de la shinigamie, malgré que son orgueil était piqué à vif, malgré qu'il ne voulait se frotter à une racaille de cette sorte, malgré qu'il pouvait très bien se lever et feindre l'ignorance — à la garce de lycée, blonde et tout le tralala — il se vit prendre de court et se leva, tout en enchaînant sur un ton tremblant de gêne :


Il regretta immédiatement le goût amer de son apposition. Cependant, il ne pouvait revenir sur sa parole, et devait maintenant suivre le jeune fille. Il ferma donc les yeux et suivit la shinigamie. C'était ironique de savoir que malgré tout le mal qu'il s'était donné pour rassembler les dégâts de l'autre, il laissait en plan son désordre à lui. Cependant, son coeur pompant à la chamade, il l'avait complètement oublié. Lui et sa nouvelle "alliée" se rendirent donc sur les lieux d'entraînements. La bouffe lui avait légèrement regorgé l'estomac et son reaitsu coulait de nouveau convenablement. Sôjiro n'était pourtant pas au maximum de sa force mental. Il stressait en la présence de cette intrus dans son confort personnel. Pourtant, il faisait tout pour ne pas le laisser paraître, de peur de faire encore une fois du mal à la Shinigamie. Une fois par jour suffit, évoqua-t-il malgré lui.

La jeune fille se présenta, de son regard sombre et provocateur. Sôjiro baissa les yeux, rougissant. Il avait oublié de se présenter, et donc, avait atteint à l'étiquette. Il s'en voulait mortellement. Sôjiro se présenta à son tour, mais Kurasa ne sembla pas s'en soucier. Rapidement, elle présenta le sujet du jour. Elle voulait élaborer une petite compétition de tirs, de hâdo, bien sûr. Sûrement évoquait-elle le Byakurai ?
Son fort caractère avait rassemblé des amis à elle — ou peut-être des subordonnés — et Sôjiro ne put que se mettre en en file pour attendre son tour pour viser la cible. Kurasa était la première, bien sûr. Discrètement, Sôjiro l'observa. Et évalua son niveau. Elle se débrouillait amplement... Sôjiro était déçu. Il croyait que son caractère flamboyant s'appuyait sur du vent. Sur du vide. Au moins, il lui restait son bakudo.