C’était une belle journée. Banale, prosaïque. Nous étions au septembre. L’école reprenait aujourd’hui. Pour Ichigo qui était déjà un grand, c’n’était pas un souci, mais un vrai père se demandait d’amener ses filles à l’école. Même si elles ne changeaient pas de classe, il s’agissait de leur montrer qu’il se préoccupait d’elles plus que de la prunelle de ses yeux. Ce matin là, dès sept heures, la maisonnée Kurosaki était aussi agitée qu’une fourmillière : Isshin entra dans la chambre de ses filles en trombe, et commença à leur demander de se lever. Lorsque la tête châtain de Yuzu émergea de la couverture, Super Papa bondit vers elle, ouvrant grand les bras. Un pied retors vint l’intercepter au niveau du flanc, et le jeta contre le mur. Il tomba au sol, le visage fumant, et Karin grogna que ce n’était pas une vie qu’un père aussi énergique dès le matin. Pourquoi tant de haine en sa petite fille ? Les deux damoiselles quittèrent leur chambre commune, laissant Isshin là. Alors, il se redressa, quitta la pièce, et descendit les escaliers, après avoir lorgné du côté de la chambre de son fils : il allait falloir le réveiller. Dans la cuisine, notre héros trouva d’ores et déjà Yuzu en train de s’affairer à la préparation du petit déjeuner… SO LOVELY ! Il voulut la serrer dans ses bras et l’inonder de bisoux, mais il sentit un flot d’instincts meurtriers dans son dos : il se retourna lentement et vit Karin, un regard froid posé sur lui. Le père le plus classe de Karakura s’avachit sur lui-même, et quitta la cuisine en traînant les pieds. Alors qu’il pensait à aller enn… réveiller Ichigo, la voix de Yuzu le devança en appelant son frère, le pressant car sinon, il serait en retard. Subrepticement, isshin gravit les escaliers et ouvrit la porte de son fils d’un coup de pied, avant de bondir vers lui, coude en avant, en hurlant :
-Gooooooooooood Morning, Ichi… HMPFF !
Un violent coup de pied le cueillit au visage, et il tomba par terre. Son fils grommela quelque chose, enjamba le corps, puis descendit. Ce n’était pas une vie. Soudain, le papa que tous les enfants auraient souhaité se redressa, et partit se préparer : un père devait être beau pour accompagner ses filles à l’école… Masaki n’aurait pas voulu qu’il lui fasse honte ! Alors, il entreprit de réaliser ses ablutions matinales, enfila un chemise blanche, par-dessus laquelle il passa un surpull en laine (les matinées étaient fraîches), couplé à un pantalon sombre. Puis, il descendit de nouveau, trouvant ses enfants à table. Il avait déjà mangé, et les laissa apprécier leur repas. Mais le temps devenait long, alors il bondit vers Ichigo, pour un dropkick furieux en lui hurlant de se dépêcher, mais son fils bloqua l’assaut avec ses bras croisés : il s’améliorait, le sacripant ! Le temps passa rapidement, et ce fut bientôt l’heure de partir pour l’école ! Enfin, l’heure pour Karin et Yuzu, vu qu’en théorie Isshin n’y retournerait pas… Quoi que, comme ça il pourrait surveiller ses deux trésors ! Alors qu’ Ichigo partait, Isshin lui rendit l’amulette qui l’avait accompagné à Soul Society. Son fils refusa… Têtu, le petit ! Mais notre héros ne se laissa pas décourager, et l’accrocha au bas de l’uniforme de son fils, puis le laissa partir au Lycée… Puis il se tourna vers ses filles avec un regard plein d’amour, et susurra qu’il allait les amener à l’école. Mais hélas, tout ne se passa pas comme prévu : Karin l’immobilisa d’un coup traître à l’estomac, et le laissa agoniser, prétextant qu’elle allait à l’école seule car elle ne voulait pas avoir honte. Elle prit sa sœur par le bras, et bien que Yuzu lançât un regard triste et un léger sourire à son père, les deux fillettes partirent. Isshin se redressa, et s’approcha du gigantesque poster de Masaki, contre lequel il se plaqua, pleurnichant et demandant à sa tendre épouse pourquoi Karin était-elle si violente ? Elle devait avoir hérité de la force de caractère de Masaki ! Cette dernière ne se laissait jamais marcher sur les pieds ! Quelle femme que la sienne ! Isshin embrassa le poster, puis redevint sérieux : depuis quelques jours, il avait récupéré ses pouvoirs. Le moyen lui avait paru surprenant, mais au final ça avait fonctionné. Il pouvait à nouveau devenir un Shinigami… Après vingt ans. Il n’avait pas encore eu l’occasion de le faire, et ne l’aurait sans doute pas : Ichigo s’occupait des Hollows. Mais il fallait compter avec les arrancars : Isshin savait qu’ Aizen avait mis son plan à exécution et récupérer le Hôgyoku. Grâce à cette perle de destruction, il pourrait créer des êtres puissants, à la frontière entre Shinigamis et Hollows. Il ne fallait donc pas les prendre à la légère. Isshin décida donc d’aller faire une balade dans Karakura : la clinique était fermée aujourd’hui, il avait prévu d’être tranquille pour amener et partir chercher ses filles à l’école… Mais le destin en avait décidé autrement. Il sortit donc dans l’air de la matinée, et commença à errer dans Karakura.
En quittant la clinique, il ne savait nullement où il irait. Rue après rue, maisons après maisons, ses pas le conduisirent vers l’école où ses deux filles étudiaient. Il passa devant le grille, d’ores et déjà fermée : les têtes blondes planchaient déjà sur leurs copies (cette expression était d’ailleurs idiote, vu qu’il devait y avoir peu d’enfants blonds dans cette école de quartier). Il hésita un instant à escalader les grillages et à coller sa tête contre les fenêtres pour voir comment s’en sortaient ses deux trésors, mais il se ravisa : ça ne le faisait pas, et Karin serait vraiment énervée… Déjà qu’elle ne comprenait pas sa gentillesse, alors si en plus il la provoquait… Mais peu importe : les héros sont souvent doublés d’incompris, et donc Isshin continuerait sa tache malgré les coups et les brimades. C’est cela, être Papa. Puis, ses pas l’emmenèrent loin de l’école, avant que l’envie de voir comment s’en sortaient les filles soit trop forte. Il continua ses errances, et après un passage par le centre-ville, bondé en cette matinée de rentrée, il arriva finalement un peu à l’écart, près du terrain vague bordant la « confiserie » Urahara. Il aurait été tentant d’aller voir le gérant, un vieil ami, mais Isshin n’en avait pas l’envie. Urahara saurait bien assez tôt qu’il avait récupéré ses pouvoirs. Et les questions fuseraient. Notre héros ne se sentait pas encore prêt à les affronter : il était redevenu lui-même, pour ainsi dire, depuis trop peu de temps. Il regarda donc un instant le magasin puis, mains dans les poches, se détourna. Il retourna alors dans le centre-ville et, alors qu’il attendait à un feu rouge, entouré par une grand-mère, un buisnessman visiblement très occupé et une femme quelconque, il se demanda où aller ensuite : le parc de Karakura, où il pourrait s’asseoir sur un banc et penser, ou bien le fleuve… Il avait une sorte de tendresse teintée de mélancolie pour cet endroit : de tumultueux souvenirs envahissaient son esprit lorsqu’il pensait à cet endroit… Oui, c’est là qu’il irait. Il jeta un œil à sa montre : il était encore tôt, pas la peine de prendre un bus. Il commença donc à reprendre la direction de la clinique : le fleuve était sur le chemin. Son esprit était distant : déjà, les souvenirs l’emplissaient. Après une marche revigorante, mais durant laquelle il ne s’inquiéta pas du temps qui passe, il arriva finalement au bord de la rivière Karasu. C’est ici que Masaki avait perdu la vie, il y a dix ans… Non, Ichigo lui avait fait une remarque… Six ans. A force de jouer la comédie, Isshin avait encore du mal à rester sérieux. Bref, c’est là que la vie de la famille Kurosaki avait basculée. Grand Fisher… Ichigo avait blessé ce Hollow lors de l’anniversaire de la mort de l’épouse de notre héros… Le père modèle se demanda comment avait pu se sentir son fils… Bien qu’il ne l’admettait pas en public, tous deux étaient semblables sur un point : leur objectif était de protéger leurs proches. Échouer les mortifiait. Isshin n’en voulait ni à Ichigo (et il ne lui en aurait certainement jamais voulu), ni spécialement à Grand Fisher. Le seul qu’il haïssait, c’était lui-même. Il avait été absent. Il ne s’était douté de rien, ne pouvant sentir les énergies spirituelles. Et, lorsqu’après coup il avait dénoué les fils de l’intrigue et appris la vérité, il s’était senti mortellement blessé. Mais il n’avait pas abandonné : en tant que père et que mari aimant, il avait continuer à vivre, pour Masaki et les enfants.
Et il continuerait ! Il serra le poing, et leva les yeux au ciel, tout sourire : il était remotivé ! Alors qu’il s’apprêtait à partir, quelque chose le titilla : un reïatsu, et pas des moindres. S’il ne se trompait pas, c’était un shinigami. Il tourna la tête ça et là, et repéra une silhouette tout de noir vêtue, avec un haori : un capitaine. Il était temps de voir ce que ça donnait. Il ne savait pas pourquoi, mais il était comme un petit garçon devant un nouveau jouet : ce capitaine serait le prétexte pour qu’il teste ses pouvoirs. Il sortit son bon vieux soul candy de sa poche, et le jeta dans son gosier. Soudain, avec ce sentiment de projection, son âme quitta son corps : il portait le shihakusho noir. Engetsu pendait à sa ceinture, et son haori était noué à son épaule. Il avait réussi, il était… Un shinigami ! Alors fébrile, il ordonna à son corps de rester dans les environs, puis bondit, droit vers la silhouette : let’s begin the show !