Magasin d'Urahara, terrain de combat (pv Hana)

Un peu de repos. Kazuo ne souhaitait rien de plus. Le combat contre Katsuo n’avait fait qu’ajouter un maillon à cette chaîne de combats qui l’avaient affaibli au point d’avoir approximativement le même niveau qu’un petit nouveau. Il redoutait surtout de devoir faire face à la Capitaine de celui-ci, qui n’était personne d’autre que la chef de l’Onmitsu-kidô, Soi Fon. Cheveux-bleus la connaissait assez de réputation pour savoir qu’elle était assez puissante pour mériter largement son titre de Capitaine de Division. Et son caractère en ajoutait un peu plus sur le critère précédent… Kazuo traversa alors Karakura en courant, essayant de faire fi de sa douleur qui commençait à s’atténuer, mais qui demeurait tout de même à la limite du supportable, l’incitant presque à se poser pour récupérer un peu de ses forces. Ou alors, le mieux serait qu’il se fasse soigner… Mais où ? Retourner à la Soul Society pour y solliciter les talents des médecins de la Quatrième Division serait pire que suicidaire et il n’avait pas envie d’aggraver son état actuel… voire mourir tout simplement car il aura manqué de clairvoyance…

Pendant le parcours de son chemin, une autre idée lui traversa alors l’esprit… Se soigner avec des techniques de Kidô ? Ce serait une idée potable. Il faudrait juste qu’il se fasse confiance à lui-même, qu’il soit sûr qu’il les maîtrisait avec assez de dextérité pour pouvoir les employer. Ainsi, si personne ne venait lui voler de son temps, il pourrait sans doute retrouver sa force initiale et ne serait plus en danger permanent. Il continua de marcher, sabre à la ceinture, la main serrée sur la Saya jusqu’à ce que ses phalanges s’ankylosent, cherchant un endroit auquel il ferait assez confiance pour savoir qu’il ne serait pas importuné pendant son auto-opération. Il marcha longuement, s’éloignant un peu plus du lycée en ruine à chaque pas qu’il faisait, tournant la tête vers l’arrière par intermittence pour vérifier que personne ne le suivait, pour vérifier que personne – que ce soit Katsuo ou quelqu’un d’autre – ne s’était mis dans la tête de le suivre à la suite du Shinigami aux yeux vairons. Trouver un endroit fiable, calme, désert… qui ne faisait pas partie des endroits les plus ciblés de la ville.

Il marcha pendant encore un petit moment, reprenant sa respiration, reprenant assez de force pour arrêter de marcher en titubant au bout d’un moment. Reprendre toutes ses forces rapidement… il devait tout récupérer rapidement ! Il ne devait se livrer qu’à lui-même comme depuis qu’il était exilé, aussi comme depuis qu’il avait affronté Sajin Komamura pour se faire confirmer son exil, mais aussi lever les derniers voiles qui étaient restés entre eux au sujet de l’intrusion de Luffy à la Soul Society et les circonstances de celle-ci… Ses pas le menèrent doucement vers une destination que Kazuo n’avait pas eu beaucoup, voire jamais eu l’occasion de fréquenter. En effet, il aurait pu s’y rendre le jour de la bataille contre les Envahisseurs, mais dans la précipitation et l’énervement, il avait bêtement emmené Luffy à la Soul Society… Enfin ce qui était fait était fait, le passé ne s’effaçait pas et cette fois, il ne déplorerait pas cette fatalité : il commençait à apprécier son indépendance.

-Le magasin d’Urahara… ? pensa-t-il. En aurais-je entendu parler… ? Bref… Je vais me cacher ici un petit moment, le temps de résorber mes blessures et séquelles… puisque j’ai enfin du temps pour ça.

Il s’approcha alors du magasin d’Urahara et s’adossa contre un de ses murs en prenant soin de bien se fourrer dans l’ombre qui s’étendait au pied de ce mur. Il regarde autour de lui et poussa un profond soupir, appuyant son dos sur la construction et regardant le ciel de son œil droit encore valide. Quand il repensait à tout ça, il réalisa qu’il s’était vraiment plongé dans de belles galères depuis qu’il était devenu Shinigami… ces missions avec Yamiko, la désertion de celle-ci, sa complicité de l’intrusion de Luffy, son attaque sur Nao qui s’était vengée en lui griffant le côté gauche du visage, ce qui lui avait valu cette petite décoration sur cette partie du visage, son retour à la Soul Society pour y livrer cette série de combats qui l’avaient mis dans un état aussi piètre… Un faible sourire moqueur envers lui-même s’étira sur ses lèvres fines. Il était maintenant tant d’agir avec plus de raison à l’avenir… Sortant de ses pensées, il retroussa alors les manches de sa veste et commença à se concentrer pour débuter ses soins…

Il était en train de commencer à se soigner lorsqu’une présence se fit sentir près de lui. Il poussa un profond soupir de découragement. Si cette personne était belliqueuse et assez forte pour lui faire perdre encore du temps, alors quand est-ce qu’il pourrait enfin procéder tranquillement à sa guérison ? Il prit tout de même le temps d’analyser cette présence… et ce fut à ce moment-là que la stupeur le frappa : cette personne n’avait pas l’air aussi puissante que le Shinigami borgne avait bien voulu le croire ! En tentant de se calmer un peu, apaiser son esprit, ralentir les battements de son cœur pour espacer ses pulsations à chaque seconde qui défilait, il tenta de se relever sans faire de bruit, tandis que ses manches, désormais dépourvues de mains pour les retenir, commençaient à se détendre à nouveau pour recouvrir ses bras contusionnés. Le jeune homme aux cheveux bleus avait laissé sa saya tranquille pour s’adonner à ses soins, mais il dut renvoyer sa main gauche à ce même endroit pour se tenir prêt au combat, se tenir prêt à se défendre… jusqu’à ce qu’il se rende compte de quelque chose. En effet, il avait évalué la puissance de cette présence qui se tenait non loin de lui, mais il avait oublié d’en déduire la nature… il put ainsi analyser un reiatsu d’origine humaine. La personne que Kazuo avait crainte pendant quelques instants était humaine ? Il fallait vraiment que cheveux-bleus retrouve son état initial car pour être affaibli au point de craindre n’importe qui, il finirait par se demander si son état de santé mentale n’était pas lui aussi inquiétant…

Ceci étant dit, il se dirigea doucement en direction de l’expéditeur de cette présence pour voir à quoi elle ressemblait et, peut-être, lui dire de décamper le plus vite possible parce qu’il n’avait pas que ça à faire et avait envie d’être un peu tranquille. Lui dire ça avec son regard le plus démoniaque ferait sans doute l’affaire. Il n’avait pas vraiment envie d’être désagréable et de passer pour un démon sans pitié, mais s’il voulait retrouver rapidement son état primitif, c’était la seule solution qui lui restait… à utiliser sur les plus faibles que lui, principalement de caractère. Mais il lui sembla que cette personne ait été plus rapide que lui car elle le regarda d’un air mauvais, méchant. Un visage plutôt féminin, des cheveux noirs longs coiffés comme ceux d’une fille… Surpris, Kazuo allait malgré tout lui rendre ce regard noir lorsque son interlocuteur parla… et il ne sut donner un nom au sentiment qui s’empara de lui. Stupeur ? Surprise ? Stupéfaction ? Non… il ne sut comment nommer ce sentiment qui s’était emparé de lui en entendant la voix pourtant purement masculine de cet individu. En tout cas, il reprit sa lucidité à temps pour pouvoir l’écouter. Il lui demandait de partir d’ici car il avait un important entraînement à faire dans cet endroit… Kazuo faillit pouffer de rire. Parce que lui n’avait rien d’important à faire ici ? Comme par exemple se soigner ?

-Ecoute, mon gars… dit-il en reprenant son sérieux. Si tu le veux bien, j’aimerais que tu me dises ton nom avant de me sauter dessus comme ça. Et si possible, tu as peut-être un entraînement important à faire, seulement j’ai moi aussi quelque chose de sérieux à faire. Tu dois t’entraîner, moi je dois me soigner. Car comme tu le vois, je ne suis pas dans un état très désirable et j’en ai assez que ça dure…

Tout en parlant, il gardait sa main gauche serrée sur sa saya et regardait fixement son interlocuteur dans les yeux tout en se demandant s’il allait en retour lui donner son nom. Le Shinigami borgne lui donnerait le sien après… ou à la fin du combat s’il avait lieu. Et s’il avait lieu, vu la puissance que dégageait cet individu, Kazuo était à peu près sûr d’en ressortir vivant, mais tout cela n’était pas très important pour lui… Perdre ou gagner… Ajouter ou non une blessure à sa collection et aggraver encore un peu son état… Quelle importance ? Tout ce qu’il souhaitait, c’était se soigner, rien de plus… Et il avait bien la ferme intention de le faire comprendre à cette jeune personne qui s’était permis de l’importuner dans sa sérieuse et urgente entreprise.

-Oh et puis, j’oubliais… ajouta-t-il. Tu m’as dit que tu es à peu près sûr de me battre, mais tu as ajouté que tu n’étais pas doué pour évaluer les puissances des autres personnes que tu rencontrais…

Il laissa un sourire étirer ses lèvres fines. Un sourire amical, presque convivial. Il voulait surtout assurer à cet individu qu’il pourrait ne pas lui faire de mal et le laisser tranquille le temps qu’il se soigne…

-Je suis plus fort que toi, effectivement. Alors, je pense qu’il serait plus sage pour toi de t’éloigner un peu d’ici le temps que je me soigne et que je m’en aille… bien sagement. Tu pourras revenir quand je ne serais plus là pour te déranger.

Sa main sur sa saya se desserra quelque peu et, après que le Shinigami exilé ai déplié et replié ses doigts de cette main au moins deux ou trois fois, il la remit doucement dans sa poche comme sa sœur jumelle, se tenant bien droit comme un I devant cette personne qui lui faisait face, soutenant avec le sourire le regard hostile que lui adressait son interlocuteur.

Son sourire n’avait fait eu aucun effet… Au contraire, il avait eu l’air de nourrir l’excitation de ce jeune homme à l’apparence féminine qui ne fit que lui répliquer avec plus de hargne, plus d’ardeur que tout à l’heure. Le Shinigami borgne se demanda même pendant un petit instant s’il devait interpréter cette succession de phrases exclamatives comme les composantes d’une provocation en duel… et comment y répondre. Y répondre positivement lui permettrait sans doute d’être débarrassé vite fait de ce gêneur qui l’empêchait lui aussi de se sortir de cet état inconfortable dans lequel il s’était jeté tout seul, tandis qu’y répondre négativement pourrait compliquer les choses, les aggraver au lieu de les apaiser et convaincre cette jeune personne à le laisser docilement se soigner pour faire son entraînement qui avait l’air… aussi sérieux et important qu’une séance de soins. D’ailleurs, pourquoi y répondre, puisque d’après ce que son interlocuteur – Hana Tendô qu’il s’appelait, étant donné qu’il lui avait offert son nom au passage en réponse à sa demande – celui-ci allait passer à l’action à peine sa tirade terminée.

En effet… à peine après avoir fini de parler, Hana passa à l’action. Kazuo eut à peine le temps de sortir ses mains de ses poches que le jeune homme lui saisit la main droite avant d’envoyer un coup dans le mur. Un coup qui fissura cette surface… non… créa carrément un trou dans le mur ! Kazuo n’en revint pas… Il s’était basé sur le reiatsu de cet individu pour jauger sa puissance. Vu le reiatsu qu’il possédait, la puissance qu’il dégageait, il s’était dit que cet énergumène était quelqu’un que pas assez important pour lui barrer la route pendant un petit bout de temps, mais maintenant qu’il avait montré à Kazuo ce qu’il savait faire à un mur, cheveux-bleus commença à remettre en cause la fiabilité de cet indicateur appréciatif… Cependant, il ne resta pas longtemps perdu dans ses pensées, là, à regarder bêtement ce garçon démolir un mur pour lui prouver sa valeur ou alors pour une autre quelconque raison… puisque le coup qu’il reçut dans le sternum le projeta à terre, le souffle à moitié coupé. Oui, à moitié seulement. Il avait beau se trouver dans un état physique précaire et valoir provisoirement le niveau d’un combattant débutant, les coups d’un même combattant débutant ne pouvaient pas blesser un corps aguerri même si ce corps était affaibli… Affaibli, mais endurant. Voilà ce qu’était Kazuo.

Il se redressa sur les coudes et se releva aussi vite qu’il le pouvait, se tenant légèrement le sternum tout en le massant de tentant de reprendre sa respiration qui ne tarda plus très longtemps à revenir. Il regarda encore une fois Hana avant de se glisser derrière lui avec l’agilité d’un chat pendant qu’il dégainait son Zanpakutô et lui donna un coup de kashira dans l’omoplate droite avec assez de violence pour le projeter lui aussi à terre. N’ayant pas l’intention de se laisser faire, le Shinigami exilé ne combattrait cependant pas avec son sabre pour le moment, car, même affaibli, il avait assez d’amour-propre pour ne pas se permettre de faire de joli dessin sur le corps d’un adversaire plus faible que lui et désarmé de surcroît du bout de sa lame… Il rengaina donc aussi son sabre dès qu’il lui eut porté le coup dans le dos et le regarda sérieusement.

-Ecoute, jeune homme… dit-il sur un ton légèrement imprégné de lassitude. Je sais bien que tu veux t’entraîner, mais moi je veux me soigner pour retrouver mon état physique initial. Laisse-moi faire et tu feras tout ce que tu veux après, ça nous prendre quoi… cinq ou 10 minutes ? Un si petit laps de temps n’est franchement pas si gros comparé à toute une vie, je me trompe ? Alors laisse-moi me soigner… Ou alors si tu persistes à vouloir me chasser par la force, je serais moi aussi sans pitié. Et je ne voudrais en aucun cas arriver à un drame. Sois gentil.

Espérant que Hana considérerait sa demande, il continua de le fixer de son regard sérieux et concentré, presque comme un appui pour ses paroles incitant à la paix. On aurait pu penser qu’il voulait éviter le combat surtout pour éviter d’aggraver son état déjà alarmant, mais il ne s’inquiétait pas pour cela. Comme dit plusieurs fois auparavant, il ne cherchait qu’à se soigner… et maintenant qu’à empêcher ce jeune garçon de le forcer à lui inculquer la vie au moyen d’un combat pour savoir qui d’eux deux a raison ou tort… Dans tous les cas, il ne remit cette fois pas ses mains dans ses poches. Il n’avait pas envie d’être pris par surprise comme tout à l’heure et préféra désormais rester sur ses gardes. Hana lui avait bien montré qu’il avait un caractère bien trempé et que lorsqu’il prenait une décision, le faire changer d’avis n’était pas aussi simple que dire bonjour…