Les quartiers semblaient un peu vide… beaucoup même à vrai dire. Son capitaine s’était vu octroyer une mission des plus importantes et avait pris la direction de la Dimension Royale. En l’absence d’Hitsugaya, Rangiku avait été chargée de la bonne gestion de la 10ème division. Et il y avait fort à parier que le capitaine n’était pas parti très rassuré. Connaissant le caractère très volatile de la vice-capitaine, il n’avait peut-être pas tord…
Bien que trier les papiers et mettre en ordre les rapports n’avaient rien de passionnant, Matsumoto avait pris en main l’administration de la division. Finalement, ce n’était pas drôle de rechigner à faire son travail quand son supérieur n’était pas là pour la réprimander sévèrement. Aussi, elle s’était mise au travail, faisant diminuer considérablement la pile de dossier qui était à l’abandon depuis un petit moment déjà sur le bureau.
Après avoir passé quelques heures sur ces maudits rapports, la vice-capitaine délaissa son travail et se permit de souffler un peu. Elle rangea soigneusement les papiers dans le premier tiroir du bureau, laissa le reste en plan et se leva. Tout en bâillant, elle traversa les quelques mètres séparant le lieu de travail du canapé et finalement, se ravisa… elle fit rapidement demi-tour, et alla chercher cette fois-ci dans une commode (normalement contenant tout les dossiers du mois) une bouteille de saké à moitié vide. Oui, elle méritait un petit verre. En temps normal, elle n’aurait jamais fait ce genre de travail avec autant d’assiduité mais les responsabilités lui incombaient, puisqu’elle était la personne la plus gradée dans la division en l’absence d’Hitsugaya.
« Ahlala, c’est vraiment pas drôle… »
Elle se demanda un instant où pouvaient bien être ses homologues masculins. Que faisaient donc Kira et Hisagi ? Elle aurait volontiers partagé un verre avec eux… Rêveuse, elle se servit un verre de saké. Cela faisait quelques temps maintenant qu’ils n’avaient pas fait la fête. D’ailleurs, quand elle y repensait, la dernière fois qu’ils s’étaient véritablement amusés, c’était juste après la fuite d’Aizen, Tôsen et Gin.
*Gin…*
Une pointe de tristesse apparut sur le visage de Rangiku, tandis qu’elle commençait à porter le verre à ses lèvres. Il était mort. Elle n’avait pas été là. Elle n’aurait jamais cru ça possible. Enfant, elle avait découvert les incroyables dons de l’étrange personne qu’était Gin, ses aptitudes innées hors du commun. Et il était mort, tué par le Vizard Tagoraï. La disparition de l’ancien capitaine de la troisième division avait été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme au sein du Goteï 13, et une alliance avec les Vizards (et donc avec l’assassin de Gin) avait vu le jour. Contrairement à la plupart de ses collègues, Rangiku n’arrivait pas à se réjouir d’une telle affaire. Elle se sentait déçue. Elle n’avait pas eu les réponses qu’elle voulait et ne pourrait plus les obtenir. Leur histoire commune, inachevée, lui laissait un goût amer…
Et elle aurait voulu être là, tout simplement.
Elle se rendit soudain compte qu’elle tenait toujours le verre de saké dans sa main droite, sans avoir bu la moindre goutte. Bof, finalement, elle n’en voulait plus… Ressasser le passé n’était peut-être pas la meilleure chose à faire la concernant, mais il se trouvait qu’elle n’arrivait pas à faire autrement. Elle posa le verre sur la table, et sans se préoccuper de ranger la bouteille ni même le verre, elle se leva pour gagner la porte coulissante. Elle ouvrit celle-ci qui glissa le long de ses rails sans un bruit et inspecta les couloirs. Quelques shinigamis de sa division se tenaient là, discutant de choses et d’autres. Rangiku ne prit pas garde aux paroles prononcées. Elle sortit du bureau et se mit en marche, bien décidée à ne pas se laisser abattre par des pensées concernant une personne qui n’était plus de ce monde. Elle passa devant trois shinigamis qui stoppèrent immédiatement leurs occupations pour la saluer respectueusement. Elle leurs adressa un petit signe, puis disparut derrière l’angle d’un couloir. Elle n’avait pas vraiment d’idée concernant un lieu de destination. Elle se retrouva dans la cours de la dixième division.
Des mannequins étaient placés au milieu. Des entraînements intensifs avaient eu lieu, les soldats aillant eus pour ordre de se préparer à un combat intensif contre Aizen et ses sbires. Rangiku se rendit sur les lieux. Elle passa devant un premier pantin qui semblait avoir été touché par un sort de Kidô, les traces de brûlures révélant assez distinctement qu’un « Shakka Hô » s’était écrasé contre le prototype de combat. Un deuxième mannequin avait lui rendu l’âme, déchiqueté apparemment par le shikaï d’un shinigami, tandis que son voisin avait eu plus de chance, seul le bras droit avait été arraché par l’attaque.
Matsumoto sourit. Elle savait que de nombreux soldats de sa division avaient nettement progressé, notamment grâce à un entrainement assidu et constant. Et elle-même ? Elle prenait le temps de maintenir son kidô à niveau et faisant quelques exercices… mais de nombreux sorts restaient encore hors de sa portée et elle ne faisait pas réellement l’effort d’augmenter ses capacités. Elle s’éloigna des trois mannequins, laissa une vingtaine de mètres entre eux puis se retourna en un éclair, bras tendu, pointant du doigt le premier des pantins de combats. Une lueur couleur or apparut, devenant de plus en plus vive jusqu’à ce que…
« Hadô n°4 : Byakurai ! »
Aussitôt, un puissant éclair fait d’énergie spirituelle traversa en une fraction de seconde la distance entre Rangiku et le mannequin, pour transpercer celui-ci de part en part. Il résistait encore ! L’espèce de poupée chiffonnée qui servait de cible restait malgré tout bien stable sur son piédestal.
*Hé ben, ‘sont solides ces machins…*
Si le dit pantin avait été un réel adversaire, il ne faisait aucun doute qu’il aurait évité facilement l’attaque, ou du moins, aurait pu parer avec un contre-sort s’il était suffisamment malin. Prenant appui sur son pied gauche, Rangiku effectua un déplacement très rapide à l’aide du Shunpô, et se plaça à l’opposé de sa position initiale. Le bruit caractéristique du mouvement se fit entendre au même moment où elle réapparaissait.
« Hadô n°33 : Sôkatsui ! »
Cette fois-ci, c’est de la paume de sa main que le coup partit. Les flammes bleutées jaillirent, consumant tout ce qui pouvait se trouver à proximité. Une nouvelle fois, le mannequin fut frappé de plein fouet par l’attaque, à ceci près qu’il n’en resta pas indemne. Fixé au sol par une quille de bois, celle-ci fut arrachée sous l’impact et c’est un pantin désarticulé qui s’envola dans les airs pendant quelques secondes, pour finalement retomber lourdement sur le sol, encore fumant.
Humm, s’entraîner contre des pantins, c’était facile. Ils ne bougeaient pas, ne rappliquaient pas. Bref, c’était bon pour revoir les bases, mais pas vraiment plus. Matsumoto s’intéressa alors à une nouvelle invention de la 12ème division. C’était un grand miroir, qui avait la capacité de renvoyer n’importe quel sort lancé à l’envoyeur. Plutôt pratique lorsqu’il s’agissait de tester ses réflexes et sa rapidité. Il était installé un peu plus loin, l’armature du miroir faisant office de cadran était fixée sur un socle lui-même encré au sol. Impossible de le faire bouger donc, même avec un sort de grande puissance.
La vice-capitaine ne plaça devant le grand miroir et se concentra.
« Hadô n°31 : Shakka Hô »
Concentrant son reiatsu, elle libéra de par sa main droite une boule d’énergie rouge qui sembla rouler un instant dans sa main avant d’être libérée. La sphère alla s’écraser contre la paroi réfléchissante, qui la réexpédia immédiatement. Rangiku s’était préparée. Aussitôt le sort de hadô prononcé, elle se concentra pour pouvoir parer l’attaque avec un sort de Bakudô. Sur le principe, c’était simple. L’application… c’était une autre histoire.
« Baku … »
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase. Projetée en arrière, elle chuta au sol après s’être mangé son propre « Shakka Hô ». Se concentrer sur deux sorts à lancer sans passer par les invocations habituelles, c’était en réalité assez difficile, Matsumoto venait de s’en rendre compte.
Miroir : 1
Rangiku : 0
Elle avait assez mal évaluée la distance qu’elle aurait dû mettre entre elle et le fichu miroir. Elle se releva sans encombre (elle avait prit soin dès le départ de ne pas charger inutilement le sort), son kimono légèrement cramé. Elle balaya l’air de ses deux mains, tentant par la même occasion de faire disparaître la fumée qui avait pour habitude d’apparaître après que la boule d’énergie ait atteint sa cible.
Elle prit le temps de regarder les environs… si on la voyait ainsi s’entrainer, c’en était fini de sa réputation de « glandeuse »… et après, son capitaine allait lui refiler encore plus de travail ! Bon, personne à l’horizon… parfait. Et puis, elle ne voulait pas non plus qu’on puisse la comparer à Renji, qui avait un don pour se faire exploser ses propres sorts à la figure.
Elle s’éloigna de sa position initiale d’une dizaine de mètres, ce qui la mettait à environ 20 mètres du miroir. Elle refit une tentative. Plaçant sa main droite (toujours) devant elle, elle lança le même sort de Kidô qu’elle avait utilisé au premier essai. Une nouvelle fois, la voix de la vice-capitaine s’éleva dans les airs.
« Hadô n°31 : Shakka Hô ! »
Une nouvelle fois, la sphère rouge faite d’énergie spirituelle s’élança contre le miroir… Aussitôt l’attaque partie, Rangiku se concentra sur le sort de Bakudô qu’elle avait eu l’intention d’utiliser à la première tentative.
« Bakudô n°39 : Enkôsen ! »
Ca y est ! Elle avait réussi à le faire ! Un halo transparent se forma juste devant elle, la protégeant de la tête jusqu’au pied de l’attaque qu’elle venait d’envoyer. Deux secondes passèrent… puis trois… et rien…
*Bah, il est passé où le sort de Hadô ???*
Trop concentrée sur le deuxième sort, elle ne s’était absolument pas aperçue qu’un curieux phénomène avait eu lieu lorsque la boule d’énergie était rentrée en contact avec le miroir. Dans un scintillement, la surface réfléchissante avait ondulée un instant et avait littéralement absorbé le sort de Kidô, comme si le globe de couleur rouge avait plongé dans de l’eau sans qu’une seule éclaboussure ne vienne perturber ce moment. Allons bon, qu’est ce qu’il venait de se passer ? La vice-capitaine n’arrivait pas réellement à imaginer qu’un sort puisse disparaître comme ça. Elle rompit le sort de Bakudô et alla voir le miroir. Quoi, il était cassé ? Elle l’examina sous toutes les coutures, cherchant à comprendre.
« Bah, c’est quoi le problème ??? »
Agacée, elle donna un coup de pied dans la glace qui ne brisa pas sous le coup… au contraire, c’est plutôt Matsumoto qui semblait souffrir de la frappe donnée. Soudain, la surface vibra. Intriguée, la belle blonde observa le phénomène s’intensifier tandis qu’un halo rouge apparut petit à petit au centre du miroir. Lorsque Rangiku comprit enfin ce qui était en train de se passer, il était déjà trop tard. Le Shakka Hô lui fut renvoyé une nouvelle fois, avec un temps de retard. Elle se retrouva à nouveau par terre… elle resta un instant allongée, maudissant intérieurement la douzième division. Eux et leurs idées absurdes ! Elle se promit d’y réfléchir à deux fois avant d’accepter ce genre de matériel.
Elle se releva. Bon ben, elle avait eu sa dose en ce qui concernait le Kidô… et il était temps de passer à autre chose.
Dans un mouvement rapide et précis, Matsumoto dégaina son zanpakutô et le plaça devant elle, lame le long de son avant-bras. Elle ferma les yeux une seconde, l’instant d’après, elle se retrouva à contempler une étendue d’eau à perte de vue. Elle se retourna pour observer en contrebas de sa position le cratère d’un volcan, d’où un panache de fumée s’élevait. Chaque fois qu’elle venait en ces lieux, elle se retrouvait toujours au même endroit : sur la plus haute crête du volcan accueillant sa moitié.
Une fois, elle s’était posée la question… Etait-il possible qu’elle puisse atterrir au fond du cratère pendant que le volcan entrait en éruption ? Là-dessus, Haineko lui avait répondu que c’était bien possible en effet, si elle s’obstinait encore à poser des questions assez stupides que celle-là (et le zanpakutô s’était également moqué d’elle pendant un mois entier).
Aujourd’hui, elle n’était pas venue seulement pour discuter, et Haineko semblait l’avoir compris puisqu’à la place de ses railleries habituelles destinées à dire « bonjour » à sa maîtresse, il se contenta de la dévisager. La discussion ne consista qu’en quelques mots.
« Tu es prête ? »
« Je crois. »
« Bien. Allons-y. »
« Où ? »
« … »
« Je rigole ! »
« J’essaye de garder mon sérieux, de paraître super grave et toi, tu casses tout ! Ah ben bravo, maintenant j’ai plus du tout envie !! »
« … »
« … Bon, ok. C’est quand tu veux. »
Retour à la Soul Society.
Sans plus d’hésitation, Rangiku prononça la phrase de libération de son zanpakutô.
« Miaule, Haineko. »
La lame se désagrégea immédiatement en milliers de particules spirituelles, formant un nuage de cendres grisâtre qui vint flotter autour de Rangiku. Elle sentait vibrer chacune des corpuscules, comme si l’air lui-même était déchiqueté par les morsures incessantes du chat des cendres. En symbiose avec son zanpakutô, la vice-capitaine augmenta doucement son reiatsu. Haineko rompit le silence qui s’était installé.
« Rangiku, la cendre n’est pas que poussière. Froide, elle te permet de blesser tes ennemis. Je suis chacune des particules, à travers elle, je peux découper nos adversaires. Mais ma véritable nature est aussi ardente que le volcan dans lequel je suis né… »
La vice-capitaine écouta patiemment les dires de Haineko. Ces paroles, il lui avait déjà répété. A mesure que le zanpakutô parlait, les cendres commencèrent doucement à rougir… libérant une quantité de chaleur croissante. Rangiku s’en rendit compte mais ne relâcha pas pour autant son reiatsu. Les particules spirituelles ainsi chauffées rendirent l’air difficilement respirable.
« Je serai un feu un feu si brulant que j’enflammerai même le cœur de ceux qui oseront se dresser contre moi. Je consumerai chaque partie de leurs êtres. Retiens-bien, cette attaque se nomme… »
« Kasairyu ! »
A peine le nom de la technique prononcé, les cendres incandescentes se démultiplièrent, et prenant en masse, elles embrassèrent l’air ambiant. Le fin nuage de poussière était à présent devenu un colossal écran de fumée. Rangiku pointa alors les mannequins utilisés quelques temps auparavant avec la garde de son zanpakutô, dirigeant ainsi la nuée ardente vers ses cibles, qui disparurent, engloutis par la cendre brulante.
Matsumoto put constater les dégâts une fois que son zanpakutô se retrouva sous forme de lame… Les pantins d’entraînements étaient complètement calcinés. L’herbe qui avait été sur le passage de Haineko n’existait à présent plus.
C’est Hitsugaya qui n’allait pas être content… Rangiku pensa qu’il serait préférable de ne pas révéler que c’était elle qui était à l’origine de ce petit souci, il serait bien capable de lui faire faire replanter le gazon.
Elle rengaina son zanpakutô et se dirigea vers les quartiers de la 10ème division…
Sujet: Rangiku s'entraîne... exploit !