Sayuri se trouvait une fois encore dans la salle d’entraînement sablonneuse de la Cachette Vizard. Elle y avait déjà versé des litres de sueur, dépensé des quantités phénoménales d’énergie, dans le seul but de s’améliorer. Et, maintenant que la Division Royale n’avait jamais semblée aussi proche, elle devait redoubler d’effort. Encore et toujours s’améliorer, sans arrêt, pour progresser de façon constante et quotidienne, et pour enfin espérer avoir un niveau suffisant. Niveau qu’elle était encore assez loin d’atteindre.
La nuit avait été bienfaitrice. Le repos dont avait profité Sayuri avait comme rechargé ses batteries, et elle était prête à travailler d’arrache-pied, avec Akai. Sayuri porta la main à la garde de son zampakuto, et le dégaina lentement, avant de se mettre en garde.
* Alors, prêt ? *
* Si on veut… J’ai pas envie de me prendre un rocher dans la tête comme l’autre fois. *
Sayuri sourit aux paroles de son zampakuto. Elle se rappelait très bien quand, hier, il ne voulait pas travailler, et elle avait abattu la lame sur un rocher pour le faire changer d’avis. L’action avait été efficace, et n’avait bien évidemment pas l’air très agréable pour Akai. Impression confirmée par la réaction de son zampakuto, qui semblait pour une fois en avoir prit pour son compte.
La Vizard tourna la tête à sa droite et hocha de la tête, pour signifier à Mashiro, qui était dans la poste de contrôle, qu’elle était prête. Peu de temps après, des mannequins se dressèrent dans le sable de la salle. Sayuri resserra l’étreinte sur son zampakuto, et s’élança en shunpo vers le mannequin le plus proche. Elle les trancha tous de la même façon, le plus vite possible. Le but était d’aller le plus vite possible, et elle ne prenait même pas le temps de reprendre son souffle. Elle tournait la tête et voyait un mannequin, qu’elle faisait immédiatement un shunpo à côté, avant de le trancher de long en large avec sa lame. La dernière cible s’effondra, et Sayuri rengaina son zampakuto avant de poser ses mains sur ses cuisses, tout en restant debout. La respiration de la jeune Vizard était haletante, ce qui était compréhensible compte tenu de l’effort qu’elle venait de fournir. Après avoir repris sa respiration, elle se dirigea vers le poste de contrôle. Mashiro lui dit de loin :
« Trente secondes et cinquante quatre centièmes pour les 100 cibles, de mieux en mieux. »
« Je devrais encore faire mieux. Bon, on passe à la suite ? »
répondit Sayuri avec un petit sourire à la fin de sa phrase. Mashiro hocha de la tête et gambada vers la salle de contrôle. Pendant ce temps, Sayuri se replaça au centre de la salle d’entraînement, et plaça son zampakuto à l’horizontale devant elle, tout en le tenant d’une main ferme. Le moment était venu de libérer son zampakuto.
« Transperce, Akai Niji ! »
Le zampakuto se métamorphosa en environ une seconde en un arc à la couleur rouge flamboyante. Une arme fine, légère, précise, mortelle pour celui ou celle qui sait bien s’en servir. Tirer à l’arc est tout un art, et nécessite de l’entraînement. Autant, voir plus que pour un katana classique. Sayuri, elle, doit bien évidemment d’entraîner pour ces deux armes, car elle doit aussi être capable de se défendre lorsque son zampakuto est scellé. L’entraînement serait donc bien évidemment plus long.
* Je te préfère comme ça, Akai. Quand tu fais ce que je veux. *
* N’oublie pas qu’on a passé une sorte de pacte, mais surtout, j’ai pas envie de me faire encore cogner contre cette fichue pierre. *
L’effet qu’avait cette pierre sur le mental de son zampakuto était trop importante, ce n’était pas normal. Ou alors son zampakuto avait quelque chose derrière la tête, ou alors Sayuri ne pouvait pas imaginer quel traumatisme cela aurait pu être pour Akai. Peut-être bien les deux. Mais la jeune Vizard savait bien qu’il était inutile de tenter de percer les pensées de son zampakuto. Sayuri sourit et releva son arc, attendant le début de l’épreuve suivante. A nouveau des cibles apparurent, un peu partout. Mais Sayuri ne bougeait plus. Elle enchainait les flèches, les une après les autres, sans jamais s’arrêter.
Les cibles s’écroulaient, les flèches sifflaient dans la salle d’entrainement, atteignant presque toujours leur cible. L’épreuve était épuisante, mais c’était le but d’un entrainement, de dépasser ses limites. Le dernier mannequin tomba au sol, une flèche en plein milieu du torse. Sayuri reprit son souffle. Elle n’avait pas bougé d’un pouce, mais la vitesse d’enchainement de ses tirs l’avait essoufflé. Il n’y avait pas de chrono pour cette épreuve, et Mashiro se contenta de placer sa main vers Sayuri, et de replier tous les doigts, sauf le pouce, qui pointait vers le ciel. Signe qui voulait bien évidemment dire : Bien joué !
Sayuri remercia la vizard aux cheveux verts pour son aide, et alla se percher sur un rocher plus haut que les autres, pour passer à un aspect plus technique de son entraînement. Les cibles refirent leur apparition. Le but n’était plus ici d’enchaîner les cibles une par une, mais de travailler la puissance de frappe élémentaire. Sayuri combina l’élément du vent à plusieurs flèches, qu’elle plaça simultanément sur son arc. Elle tendit la corde, et relâcha la pression, faisant partir les flèches.
« Kaze no Kiai. »
Chacune des flèches décrivit une courbe harmonieuse, et quatre flèches sur cinq frappèrent au but. Juste une avait été loupée, car il faut avouer que maîtriser parfaitement cette technique, surtout en tirant plusieurs flèches en même temps, ce qui n’était pas chose aisée. Sayuri s’empara d’une autre flèche. Grâce à ses entraînements précédents, et à de longues négociations avec Akai, Sayuri avait convaincu de lui faire synthétiser des flèches en permanence, de manière à toujours en avoir en réserve. Il n’y a donc aucun souci de munitions.
Pour son attaque suivante, Sayuri décida de combiner la foudre à sa flèche. Elle décocha le trait électrique vers un petit lac, sur lequel des cibles étaient disposées.
« Kaminari no Shougeki »
Une décharge électrique parcouru l’eau, et électrocuta les mannequins qui étaient en contact avec le liquide. Un beau coup, en présence d’eau.
Prochaine technique, la glace, la dernière que Sayuri maîtrisait. Elle décocha une flèche, qui arriva aux pieds d’une cible.
« Ame no Hyouten »
La glace naquit à partir de la pointe de la flèche et s’étendit progressivement sur un petit mètre, glaçant toute la partie basse du corps de la cible. La flèche suivante toucha le mannequin en pleine tête. La cible se retrouva complètement gelée. Sayuri arma une flèche du vent, et la décocha.
Dans cette flèche, aucun effet, simplement un boost de vitesse pure. Le trait fusa à une vitesse vertigineuse vers la cible, avant de la toucher, et de la briser, car la glace avait fragilisé la cible.
Mais l’entrainement n’était pas encore terminé, et le reiatsu ne devait pas venir à manquer à la jeune vizard. Sayuri décida donc de faire une pause. Elle descendit de son perchoir, s’empara d’une gourde remplie d’eau bien fraîche. Elle la bu avant de s’asseoir par terre et de poser son arc à côté d’elle. Elle ferma quelques instants les yeux, repensant à la division royale, tentant de l’imaginer tant bien que mal. A quoi pouvait-elle bien ressembler ? Qui s’y trouvait ? Existait-il d’autres ‘races’ ? Sayuri ne pouvait que laisser son imagination vagabonder dans des paysages tous plus fantastiques les uns que les autres. Une voix qu’elle connaissait bien la tira de sa rêverie.
* Tu sais, t’y est pas encore, à la Division Royale. Tu ferais mieux de te concentrer sur ton entraînement présent au lieu de te projeter dans le futur.*
* Dis tout de suite que j’ai plus le droit de rêver, ce sera plus court.*
* Oui mais tu perds du temps, là.*
* Plus le droit de rêver, plus le droit de se reposer, ce sera quoi la suite ?*
* Par la suite, tu auras le droit de te taire, ça me fera des vacances.*
* C’est ton silence qui me fera des vacances. Je te signale que c’est toujours toi qui commence à parler.*
* Et toi qui continue à me répondre.*
* Rejette pas la faute sur moi !!*
* Bah… si.*
* Urusai…*
* Là, moi je dis non.*
Les jours passaient, mais Sayuri devait avouer qu’elle avait toujours autant envie de mettre une grosse baffe à son zampakuto. Le moment où elle pourrait, elle ne s’en priverait pas. Et elle se l’était juré.
La jeune vizard soupira. Son zampakuto n’était vraiment qu’un grand gamin. Bon, Sayuri aussi était un peu gamine, elle devait l’avouer. Mais cela ne l’empêchait pas de ne pas comprendre pourquoi Akai était aussi… chiant. Bon, c’était son caractère, peut-être, et il fallait l’accepter comme il était, déjà que c’est son arme, la rejeter ne serait pas bénéfique à la jeune vizard. Au contraire, son but est de s’améliorer. C’est pour ça qu’elle s’entrainait de toutes ses forces depuis plusieurs jours déjà.
Sayuri venait de comprendre qu’en ne répondant pas à son zampakuto, il se taisait plus volontiers. Mais ne pas lui répondre voudrait dire qu’elle se laisse dominer par sa propre arme, et ça, s’était hors de question.
* Fini de rêvasser ?*
Mauvais raisonnement, se taire ne sert finalement à rien, ou alors à peu de choses. Mais Sayuri n’écoutait, comme d’habitude, pas ou peu son zampakuto…
* Non.*
La vizard s’allongea sur le sol et passa ses bras derrière sa tête, contemplant le faux ciel qui s’étendait au-dessus d’elle. Ses pensées s’envolèrent vers tous ses camarades vizards, dispersés aux quatre coins du monde. En particulier vers un, dont elle s’était fait un bon ami. Chassant vite ses pensées qui pourraient l’empêcher de s’entraîner correctement dans quelques minutes, elle décida de se relever. Elle empoigna Akai, et se prépara à reprendre l’entraînement.
* Attends…*
* Quoi ?*
* Marco ?*
* Polo ?*
* Bonne réponse.*
La salle d’entraînement disparu soudainement, pour laisser place à une clairière entourée d’une jungle épaisse et mystérieuse. Des arbres qui sont plus courbes que droits, aux formes étranges. Ils sont tous reliés par des sortes de lianes jaune-orangés ornées de motifs noirs, qui viennent d’on-ne-sait où. Dans ses lianes naviguent des sortes de volutes rougeâtres. Le centre de la clairière est parcouru par un petit ruisseau d’eau si claire qu’on a du mal à la distinguer. Plus loin s’écoule un autre ruisseau, mais de lave. Sayuri se rappelait, quand elle était déjà ici, le ruisseau de lave était minuscule. Maintenant, il a presque triplé de volume.
Sayuri déporta son attention sur le centre de la clairière. Akai était là, debout sur de l’herbe qui lui arrivait jusqu’à la moitié du mollet, immobile, le regard braqué sur Sayuri. La Vizard s’avança vers lui. Lorsqu’elle fut à quelques mètres du zampakuto, celui-ci prit la parole.
« Ca fait longtemps que tu ne m’as pas vu je crois. Je t’ai manqué ? » dit-il avec un sourire narquois.
Sayuri continua d’avancer, disant rien. A environ un mètre de lui, elle serra le poing et lui asséna un coup de poing en pleine figure comme elle se l’était jurée.
« Alors ça, c’est pour toutes les fois où tu m’as fait chier. Et je te signale que t’entendre me suffit amplement. »
Akai se releva en se massant la joue.
« T’as de la chance que ce qui t’attends n’est pas de tout repos… Et t’as de la chance que je sois gentleman, aussi. Parce-que je vais te donner un indice sur ce qui t’attends… »
Akai parlait-il d’une épreuve pour Sayuri ? Visiblement oui, et la vizard s’inquiétait un peu de ce qui l’attendait.
« Comment ça ? »
Akai se contenta de sourire mystérieusement, les volutes rouges dans les lianes et le ruisseau de lave s’accélérèrent. Le vent se leva, faisant bruisser les feuilles des arbres dans un doux murmure. Mis à part celui du vent sur les feuilles, il n’y avait aucun bruit. Tout était silencieux, et Sayuri attendait désespérément que son zampakuto se mette à parler. Une bonne minute s’était au minimum écoulée, dans un silence quasi-total. Akai prit enfin la parole.
« C’est une épreuve toute bête, tu dois retrouver parmi tous les symboles présents, celui qui représente un aigle, et celui qui représente un phénix. Tu devras planter ta lame dedans. Et pour cela, tu as précisément 2 minutes. Mais comme je l’ai promis, voici l’indice pour les trouver : Mon premier fait que mon deuxième existe. Mon deuxième a commencé à un stade semi-libre, avant de devenir totalement libre. Mais il est ensuite revenu à l’état précédent, mais sous forme microscopique, et nous domine tous.
Bonne chance. C’est parti. »
Le compte à rebours était enclenché, et l’indice n’aidait pas du tout Sayuri. La Vizard décida alors de s’élancer dans la jungle, où les lianes étaient ornées de symboles étranges, qui ne ressemblaient pas à grand-chose. Seulement voilà, il y avait des milliers de symboles différents, et c’était comme chercher une aiguille dans une botte de paille. Les défis des zampakuto étaient toujours presque impossible à réaliser, quelle poisse…
Sayuri parcourait rapidement les symboles des lianes, espérant trouver ce qu’elle cherchait, sans résultat aucun. Rien ne ressemblait de près ou de loin à un aigle ou un renard. Le pied de Sayuri se prit dans une racine, et la jeune femme s’écroula à terre d’une façon qui était assez pitoyable pour une combattante aguerrie. Maintenant, il fallait réfléchir à cet indice, car il était évident que c’était impossible de trouver ce qu’elle cherchait comme ça, d’un claquement de doigts.
Le deuxième nous domine tous. Dominer… Une position dominante… la cime d’un arbre… ou bien… le ciel ? Sayuri leva la tête vers le ciel, et vit une sorte de gros nuage. Et, gravé sur le nuage, plusieurs symboles assez grands. Bien cachés, ceux-là. Et si un des symboles se trouvait là-haut ? Possible ! D’un shunpo, Sayuri se retrouva face au nuage, Elle n’eut qu’à vagabonder quelques instants autour du nuage qu’elle y trouva un aigle, et y planta sa lame. De la lumière s’échappa du symbole, et l’aigle disparut. Il restait trente secondes. Sayuri tenta de remonter le raisonnement. Un stade semi-libre, l’eau. Un nuage est fait de microgouttelettes d’eau condensées, donc un stade liquide, semi-libre. Le stade libre est celui de vapeur. C’est le cycle de l’eau qui est ici en jeu. Et le premier fait que le deuxième existe. Ce qui fait que la vapeur d’eau existe ? Le Soleil ? Pas forcément, à coup sûr, c’est la chaleur. Il faudrait donc chercher une source de chaleur. Une source de chaleur, où pourrait-il bien y en avoir une ? Un tilt résonna dans l’esprit de Sayuri, elle avait une idée. Le petit ruisseau de lave ! Elle redescendit dans la clairière en shunpo. Il restait une petite dizaine de secondes. Ici aussi se trouvait des symboles, gravés dans la lave. Sayuri cherchait, cherchait, mais ne trouvait pas. Soudain, au milieu de tous les autres symboles, celui qu’elle cherchait tomba sous son regard. Elle tendit le bras et y planta sa lame. Comme pour le précédent, le symbole disparut avec une petite lueur.
« Yare yare, c’était juste. Mais tu as réussi, heureusement que je t’ai aidée, hein ?!
Maintenant, tu dois retenir de ça que ce n’est pas toujours trop loin qu’il faut chercher. Le ruisseau de lave était à une petite dizaine de mètre de toi, et le nuage juste au-dessus. Pas si compliqué, non ? Bon, cette discussion touche à sa fin, moi, je vais aller dormir. Les éléments du nuage et du soleil te seront utiles, je crois. »
Sans avoir pu placer un mot, Sayuri se retrouva à nouveau dans la salle d’entraînement. Son zampakuto était sous forme scellée. Sayuri maitrisait-elle de nouvelles techniques ? Nuage et Soleil ? Elle se promit de les tester dés qu’elle en aurait l’occasion. Mais elle jugea qu’elle en avait assez fait pour aujourd’hui, et la vadrouille dans son monde intérieur l’avait épuisée. Elle décida donc d’aller se reposer, comme Akai. Après tout, le départ pour la division royale n’était pas pour tout de suite…