Après une ultime nuit de sommeil de 25 minutes, Kurotsuchi Mayuri entra dans son laboratoire à présent reconstruit. Un mois de dur labeur : d'abord redresser le bâtiment, lui rendre sa splendeur d'origine, puis y replacer tous ses instruments, ses paillasses, ses armoires, ses archives...
Une onde de colère parcourait toujours son corps blanchâtre lorsqu'il repensait à ces années de travail réduits en poussière en quelques secondes, et à toutes ces journées perdues à y remettre de l'ordre. Même si tous ces éléments n'étaient, à ses yeux, pas les plus importants qu'il possédait, leur perte l'avait irrité au plus haut point. Mais heureusement, sa forteresse avait été épargnée. Sa pièce chérie, surprotégée. La pièce où étaient entreposés l’œuvre d'une vie. La pièce où il conservait ses sujets d'études. Tout avait été rebâti autour de cette salle indestructible.
Mayuri prit une petite heure pour replacer ses dernières armoires où il rangeait ses éprouvettes, ses alambics, ses bec bunsens... Ensuite il saisit une mallette où il assembla une vingtaine de ces fameux outils, formant une panoplie du parfait chimiste. Il ouvrit brièvement son gigantesque ordinateur, écrivit un rapport administratif concernant la reconstruction et le rangement de ses laboratoires. Par la même occasion, il ouvrit un logiciel de traitement de texte, et y écrivit un texte qu'il afficherait sur la porte de son bureau une fois parti : « Fermé ! Si vous entrez je vous tue ».
Ensuite, il commença à quitter les lieux, son énorme clef à la main. Puis, sur le seuil de la porte, il aperçut du coin de l'oeil sa pièce favorite. Après un moment d'hésitation, il tourna les talons et avança vers la porte. Il la contempla de haut en bas, puis saisit la lourde poignée en or massif et ouvrit la porte. IL parcouru la vaste pièce circulaire, puis commença à gravir l'escalier en colimaçon. Il revisita alors sa propre vie :
D'abord des squelettes de Hollow banals. Ensuite, il aperçut, enfermé depuis un demi-siècle dans un bocal, un Hollow-serpent dont le bout de la queue avait la forme d'une faux rougeâtre et qui avait le pouvoir d'affecter la mémoire. La créature grogna en apercevant son geôlier qui lui avait enfoncé des centaines d'aiguilles partout dans le corps depuis sa captivité. Mayuri contempla un instant un Zanpakutô bien étrange : son possesseur était mort, mais lui ne s'était pas brisé : il avait conservé même sa forme de Shikaï, une petite hache dentelée. Il avait partiellement élucidé le mystère de la survie de cette arme, mais d'autres sujets bien plus intéressants s'étaient offerts à lui et il l'avait mis de côté. Il passa devant des cadavres d'animaux du monde terrestre, dont les habitants eux-mêmes ignoraient l'existence : de gigantesques dragons des mers, vivant dans les abysses inexplorées (sauf par lui), des salamandres qui se nourrissaient du magma des volcans, des dodos à présent disparus...
Dans une vitrine étaient exposés des trésors venant du Hueco Mundo : un bocal rempli de sable du Désert Blanc, qui avait des propriétés particulières. Il y avait un énorme croc qu'il avait scié du masque de Yammy Ryialgo, mis à terre par ses deux ignorants de collègues. Il ignorait se ce mastodonte était réellement mort, et pour tout dire il s'en fichait. Il y avait également une fiole qui contenait du Reiatsu contenu sous forme de gaz rose : celui de Szayel Apporo Grantz en personne. Il rit en repensant à l'expression de stupeur terrorisée que devait encore afficher son ennemi, prisonnier à Las Noches. Il gravit le reste de l'escalier, passant devant ses propres organes qu'il avait désormais remplacés par des faux, et en haut de l'édifice, il se retrouva devant un coffre entrouvert, qui contenait trois autres fioles remplies de liquides violet, bleu et noir scintillants. Kurotsuchi sourit et dit :
« J'ai bien failli vous oublier avant mon départ, mes chéries... »
Il rouvrit sa mallette et y entreposa délicatement ces étranges fioles, qui contenait trois potions qu'il venait tout juste d'inventer et dont il n'avait révélé à personne les effets. En tournant la tête, il vit un socle sur lequel était somptueusement mis en valeur Ashizogi Jizô, son compagnon de toujours, qu'il avait déposé précieusement dans cette pièce impénétrable avant d'entamer ses travaux pour ses labos. Il le saisit, l'ajusta à sa ceinture comme il avait l'habitude de faire, en marmonnant :
« Un jour, j'oublierais ma tête ! »
Il redescendit le grand escalier, sortit de sa forteresse bien-aimée, et quitta son laboratoire, qu'il ferma à quadruple tour, sa mallette contenant son matériel bien en main. Car Kurotsuchi Mayuri, Capitaine de la 12e Division et 2e Directeur du Département des recherches avait de nouveaux projets bien ambitieux, et pour cela il avait un long voyage à faire...