Retrouvailles et bataille

Le soleil était passé au-dessus de Karakura environ une ou deux fois depuis que Kazuo avait rencontré Yôganfuro pour la dernière fois, dans le but d’acquérir le dernier pouvoir de son Zanpakutô. Le Bankai… Il avait médité dessus pendant des heures ensuite, finissant par déduire la nature de l’erreur qui l’avait empêché de tenir Yôganfuro en respect… et ce si intensément qu’il n’avait même pas fait attention au temps qui était passé depuis. Il ne savait pas exactement combien de jours étaient passé ; peut-être un ou deux… ? Enfin ce n’était pas l’important… Il se dit simplement que le mieux pour le moment était de sortir s’aérer pour se changer les idées, puis retourner sur ce plateau volcanique pour vérifier si son erreur était bien celle qu’il pensait.

En tous les cas, il décidé de cesser de ressasser ces pensées et se leva, prit son sabre et le relogea à sa ceinture, se releva péniblement et appliqua ses premiers soins sur ses propres blessures en maudissant la faiblesse et la stupidité dont il avait fait preuve entre ses dents serrées. Il avait déjà été stupide dans sa vie, antérieure comme actuelle, mais là il avait dépassé tout ce qu’il avait imaginé, même de lui-même… Lorsqu’il eut fini sa tâche, il ôta sa veste saharienne et alla la ranger dans son armoire pour récupérer la redingote que Mulan lui avait offerte.

Neuve, immaculée, encore sans aucune déchirure… Kazuo avait presque un pincement au cœur quand il pensait que s’il la mettait, il risquait de l’endommager à peine en sa possession s’il tombait sur un ennemi et qu’il n’arrivait pas encore à échapper complètement à un Cero… Il l’enfila malgré tout et trouva qu’elle lui seyait à merveille. Encore une fois, il se surprit à penser que Mulan avait des goûts vestimentaires qui n’avaient à envier à personne…

Il regarda alors une dernière fois s’il lui manquait quelque chose dans son entrepôt et conclut – une nouvelle fois – que hormis son katana logé à sa ceinture, ses chaussures, son pantalon, sa chemise… et tout le reste, il n’avait rien omis. Son bandeau était là, ses balafres aussi… Et il se décida enfin à sortir.

Comme si le soleil l’avait patiemment attendu – oui, car il faisait jour –, ses rayons eurent presque l’effet d’un objet pointu enfoncé dans l’œil. Il le referma d’un coup sec en grommelant et prit le temps de s’habituer à la lumière en regardant le sol. Cela lui prit quelques secondes avant que sa pupille ne s’habituât progressivement à cette soudaine abondance de lumière ; lorsque le processus vint enfin à terme, il se remit en route en plaçant sa main sur son saya entre la sageo et la tsuba de son katana… prêt à dégainer en cas de danger majeur – tandis que sa main suffirait pour tous les autres, ou alors sa simple pression spirituelle –.

Refusant de trop errer dans Karakura alors que les ouvriers étaient en train de terminer leurs affaires, car il n’avait pas envie d’attirer des Hollows sans cervelle sur leurs travaux, il se fixa une destination plutôt rapidement… le fleuve serait une bonne idée : il aimerait bien revoir l’endroit auquel il avait laissé Luffy en lui faisant quitter la Soul Society après l’avoir aidé à dominer son Hollow (ce qui avait failli lui coûter la vie).

Avec un sourire nostalgique, il continua de marcher vers le fleuve en pensant à la dernière fois qu’il avait vu Luffy. Quelle impressionnante pression spirituelle il avait à ce moment-là… à lui tout seul lui aurait pu balayer la ville et les météorologistes auraient fait passer ça pour un ouragan, fidèles au rationnel. Et ce… sans compter ce Hadô qu’il lui avait jeté. Il avait suffi d’un coup de celui-ci pour mettre cheveux-bleus au tapis… Enfin le seul point positif est qu’il avait au moins pu sauver son frère. Un Hiryugekizokushintenraihô encaissé de plein fouet à son niveau de puissance ne lui aurait sûrement pas valu autre chose qu’une mort atroce et ce au meilleur des cas…

En tout cas, il ne mit pas bien longtemps à gagner le fleuve de Karakura, et ce sans rencontrer aucun Hollow qui serait venu lui faire perdre son temps et lever un bras. Lever le bras… que c’était drôle… ils n’arrivaient même plus à opposer la moindre résistance à un simple mouvement du bras. La goliath de la dernière fois avait explosé d’un seul coup. Par contre, il voulait bien savoir ce qu’il valait contre un Vasto Lorde… simplement, attendait toujours d’en rencontrer un.

Il ressentit soudainement un étrange reiatsu qui le fit sortir de but en blanc de sa rêverie. Un reiatsu qu’il ne reconnut pas, auquel s’ajouta la vue d’une colonne de lumière qui semblait détruire le paysage autour d’elle plus qu’il ne l’était déjà… mais ce reiatsu ne resta pas très longtemps le seul a se faire ressentir par le Shinigami exilé. En effet, une énergie spirituelle très familière mais en même temps étrangement inconnue interpella Kazuo, qui réalisa qu’il l’avait déjà croisée quelque part, mais il ne savait plus exactement où…

Quelqu’un tomba alors du ciel, dans sa direction. Quelqu’un qui paraissait blessé… qui paraissait même venir de cette explosion d’énergie spirituelle venant du parc. Kazuo s’écarta du chemin pour augmenter ses chances d’éviter la percussion et reconnut instantanément Luffy… ou plutôt cet autre Luffy… le même corps, mais un esprit radicalement différent par il ne savait encore quel moyen.

Un nouvel affrontement en perspective entre les deux amis… ?

-Luffy… ?

Il n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit de plus ou bien de réfléchir davantage que le Vizard chuta droit dans l’eau du fleuve, provoquant un énorme éclaboussement qui aurait touché Kazuo s’il avait fait au moins deux pas de plus. Immobile, interdit, le visage impassible et le corps triangulaire, il se demanda ce qui allait se passer… qu’est-ce qui allait encore lui arriver aujourd’hui ?

Sa question silencieuse resta pour le moment – et peut-être pas pour longtemps – sans réponse, mais il sentait déjà qu’il regretterait d’avoir mis sa nouvelle redingote aujourd’hui...

Des bulles apparaissaient quelques secondes avant de disparaître de la surface de l’eau du fleuve et je regardais ce spectacle relativement captivant avec une hébétude qui en aurait agacé beaucoup… Pensant toujours à ma veste, je songeai pendant un instant avec une légère hésitation à retourner dans mon entrepôt pour la remplacer par ma veste saharienne que j’avais eu le malheur de ranger juste aujourd’hui dans ma garde-robe…

Et ce reiatsu… en plus de celui, assombri, de Luffy, j’en avais senti un autre, un nouveau… explosif… Je l’avais senti en premier avant de percevoir celui de mon meilleur ami tombant dans le fleuve de Karakura aussi bien que l’aurait fait un obus, et j’ignorais toujours quelle était son origine. Seulement, je n’allais pas non plus tarder à en avoir l’information et je n’étais pas réellement sûr que je m’en réjouirais… Enfin si un combat s’annonçait ça me donnait encore un peu plus de chances de faire voir à Yôganfuro de quoi j’étais capable durant notre prochaine séance d’entraînement – d’autant plus que j’avais déjà une petite idée de ce qui m’avait handicapé à notre premier combat –…

En tout cas, les bulles ne durèrent pas longtemps car la surface de l’étendue aqueuse fut crevée par la tête, puis le corps du Vizard qui sortait enfin de l’eau. Il arborait toujours le même visage haineux et vindicatif avec lequel il m’avait accueilli la dernière fois que nous nous étions vus… et qu’il m’avait collé ce Hyriôgekizokushintenraihô en pleine poire, ce qui avait réduit mon ancienne veste à l’état de haillon. Passons ces détails, la seule et seconde chose qu’il me jeta au visage après son sort de la dernière fois fut ceci : "Toi.....Qu'est ce que tu fais là?".

Je le regardai pendant un petit moment sans trouver la moindre réponse… Je voulais bien lui répondre la vérité : je me baladais… mais de quoi aurais-je l’air ensuite ? Se gausserait-il de ma personne ? Se jetterait-il sur moi pour reprendre notre combat là où il l’avait laissé ? Ou bien me dirait-il violemment de déguerpir avant que je ne devienne un boulet hérissé pour lui ? Je haussai les épaules… après tout je n’avais rien à perdre…

-Je ne faisais que me balader jusqu’à présent… répondis-je donc… avant de laisser mes lèvres s’étirer en un petit sourire taquin et curieux et de lui retourner la question : Et toi, puis-je savoir ce qui t’a amené à tenter de battre le record mondial de plongée dans le fleuve de Karakura ? D’autant plus que tu aurais pu choisir un endroit plus sûr question profondeur…

Ma main gauche restant sur le fourreau de mon sabre, je montai ma droite jusqu’à ma nuque en prenant soin de faire passer mes doigts sous mes cheveux bleus qui la couvraient. Ainsi, regardant mon meilleur ami droit dans les yeux et mon sourire s’effaçant lentement, j’attendis sagement la suite des événements en mettant tous mes sens en éveil.