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 Training solo One more time...

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MessageSujet: Training solo One more time...   Training solo One more time... EmptySam 21 Jan - 16:43

NB : Ce training janvier suit celui de décembre (Que vous retrouverez ici !) et permet de contextualiser le lvl 5 du pouvoir et de permettre son intégration en RP. Toulouse a donc découvert ses pouvoirs et est capable d'en utiliser les techniques, l'avancée de la découverte de son pouvoir suit son chemin.

I lose myself in all these fights.

Pilules. Bleues. Roses. Jaune pâle. Non, jaune poussin. Rouges. Vert pastel. Pilules étalées sur la table en bois. Regarde grand-mère, regarde. Tu ne serais pas fière de ce que je suis devenue. Pardon grand-mère. Pardon. Mais parfois, c'est trop difficile. Est-ce que tu as déjà ressenti un tel vide au creux du ventre ? Quand il est parti, peut-être. Quand l'homme dont tu portais l'enfant s'est cassé à l'autre bout du monde ! J'ai fermé les yeux. Quand je les ai rouverts, tu étais toujours morte. J'ai préféré les refermer. Ta maison était vide. C'était une maison fantôme. C'était monter les escaliers, mes pas étouffés par la moquette. Silence. Passer devant la double porte du salon à jamais fermée, revoir des images surgies de temps oubliés. On avait été heureux, ici. On s'était aimés. On avait grandi, dévalé les escaliers. Il y avait Basile, encore. Tu te rappelles ?
Fermer les yeux. Les rouvrir. Est-ce que le monde est toujours là ? Oui, il est là. Est-ce que le monde est toujours aussi laid ? Oui. Moche à en pleurer. Moche à se révolter. Je n'ai pas trouvé d'autre révolte que celle qui consistait à me fourrer dans la bouche ces pilules multicolores. J'avais trop mal.

Je ne veux pas d'une vie comme celle qui m'attend. Je ne veux pas habiter une maison laide dans un stupide lotissement de banlieue, avec deux gosses pour montrer à tout le monde que j'ai "réussi ma vie". J'aurais aimé être un américain en 44, partir en Normandie, et puis peut-être même y mourir. Là, j'aurais eu l'impression d'avoir vraiment fait quelque chose de bien de ma vie. Mais je suis une fille lambda, et c'est tout. Pas un héros, pas une légende, et quand je serai morte, et que mes enfants seront morts, et que mes petits-enfants seront morts, et que les enfants de leurs enfants seront morts, on aura oublié jusqu'à mon nom et mon existence. Personne ne sera là pour se dire "Quand même, c'était quelqu'un de bien" ou "C'était un héros", ou encore "Sans elle, les choses ne seraient pas comme elles sont maintenant". Quand un de mes descendants aura à faire son arbre généalogique en primaire, il n'y aura pas mon nom, car on m'aura oubliée, tout simplement.
Je voudrais vivre des choses, les vivre, et qu'on s'en rappelle. Je voudrais changer le monde peut-être. A quoi ça sert, les rêves, l'espoir, si au final, tout reste pareil ? Si rien ne change ? Si on meurt quand même, et qu'on finit oublié ? Si, quand notre visage s'est effacé, et notre voix, notre nom aussi sombre dans l'oubli ? Car ils continuent à vivre, sans vous. Et au fil des années, ils vous enterrent au fin fond de leur mémoire. Vous ne faites plus partie de leur vie. Vous êtes mort, après tout, alors laissez les vivants en paix.
Ce curieux sentiment de nostalgie qui m'étreint... Nostalgie d'un temps où j'étais plus heureuse. Nostalgie d'un temps qui, comme le reste, m'a échappé, filé entre les doigts, glissé de ma main fermée pour le retenir, comme du sable fin. Grain par grain, minute par minute, jusqu'à ce qu'il n'en reste rien.

Rechercher un peu de magie Dans cette inertie morose.

Toulouse avait beau dire, elle avait beau croire. Elle avait quelque chose de particulier. Quelque chose pas comme tout le monde. Une petite lueur d'espoir dans son tas de médicaments.
Lorsqu'elle l'a découvert, elle a aimé cette idée. Cette pensée qu'elle aussi, peut-être, pourrait avoir son rôle à jouer dans l'Histoire. Depuis, ça l'obsède. Elle voudrait passer des heures dans ces illusions qu'elle est capable de créer. C'est toute l'Histoire de l'humanité qui s'offre à elle ! Les clefs du monde ! Tant mieux, elle était dans une période de déprime, un peu de gaieté dans sa semaine morose.
Paris, pour elle, ça avait été le Paris qui se battait pour la République. Paris avait guillotiné la monarchie absolue, la Prusse avait fait prisonnier l'Empire malade, et la République avait enfin pu triompher. 1871, la Commune. Pour la France, c'était l'année terrible. Mais pour l'Histoire… C'était une année formidable.

En temps de révolution, prenez garde à la première tête qui tombe. Elle met le peuple en appétit.

La révolution espagnole de 1869 laisse le trône vacant. La Prusse propose un candidat de sa famille royale, les Hohenzollern. En juillet 1870, la France obtient le retrait de cette candidature, mais pousse sa volonté jusqu'à exiger un engagement formel de la Prusse de ne pas renouveler une pareille candidature. Bismarck, chancelier impérial allemand, maquille ce refus partiel en affront et excite ainsi le fort nationalisme français. La guerre franco-prussienne éclate. Après l'accumulation de plusieurs défaites, l'empereur Napoléon III est vaincu, le 1er septembre, à Sedan. Il doit capituler. Révolution à Paris le 4 septembre. Bismarck exige la formation d'un gouvernement élu pour traiter avec lui des conditions de la défaite.
Le 18 mars 1871 correspond au déclenchement de la Commune de Paris, mouvement révolutionnaire qui gouvernera Paris jusqu'en mai. Une guerre civile qui aura beaucoup de conséquences. La Commune a une dimension patriotique. Elle est républicaine et nationale. Elle a pour volonté de refonder la République et de relancer la guerre contre les allemands.
Ce qui provoque l'explosion du 18 mars est le début du désarmement de Paris ordonné par le gouvernement. En effet, Paris, assiégé durant la guerre franco-prussienne, avait été armé de canons et de fusils. Versailles, où siège le gouvernement, est inquiet à cause des tentatives de révolutions au cours du siège, le 31 octobre, qui avait vu l'emprisonnement de Blanqui, et le 22 janvier. Les royalistes craignent l'alliance d'un esprit révolutionnaire de parisiens en armes et agissent dans une logique idéologique. Les parisiens n'acceptent pas ce désarmement et les généraux chargés de l'opération sont fusillés. Les troupes sûres sont retirées de Paris par le gouvernement, qui laisse le champ libre aux révolutionnaires, prenant ainsi la décision d'un affrontement, d'une reconquête de Paris par la force, sans dialogue : c'est la méthode de la réaction. Décision lourde de conséquences…
Des négociations s'engagent : les maires élus des arrondissements essayent de calmer le jeu, et veulent refaire voter les parisiens. Les maires veulent plaider le vote à Versailles, qui s'oppose à toute conciliation, par volonté de résoudre définitivement tout problème de révolution à Paris. Les élections sont donc organisées dans un cadre révolutionnaire par la Garde Nationale, avec 52% de participation. La Commune est divisée sur le plan idéologique, mais des mesures sont prises immédiatement, notamment des mesures sociales et anticléricales. Son programme démocratique est ambitieux, sa volonté est d'enraciner la démocratie et pour cela la Commune a de grands projets.
Dès la mi-mai, les combats commencent. Une offensive contre la Commune a lieu : c'est, du 21 au 28 mai, la Semaine Sanglante. Bien que possédant des armes, les Communards sont des civils, face à l'armée envoyée par les Versaillais pour attaquer et reprendre Paris, il y a donc disproportion des forces. Les Versaillais veulent la liquidation du mouvement. Leurs troupes entrent dans Paris par l'ouest et ratissent la ville, fusillant à tour de bras. C'est un véritable bain de sang : autour de 23 000 morts, dont 877 seulement du côté Versaillais.
Les Communards, assez mal organisés, ne sont pas coordonnés, mais incendient les Tuileries et l'Hôtel de Ville. Les derniers combats ont lieu dans le cimetière du Père Lachaise, situé au cœur du Paris populaire où l'implantation des Communards est forte, le 28 mai 1871. Des Communards seront néanmoins encore exécutés les jours suivants et les procès perdureront parfois jusqu'en 1878. C'est la dernière révolution à Paris qui n'en sera plus jamais le théâtre.
C'est pour cela que Toulouse choisit un jour de la Semaine Sanglante. Le 28 mai. Là, entre les tombes, Versaillais et Communards se tiraient dessus. L'air avait un goût de fer et de sang. La position stratégique du cimetière, sur une colline, en avait fait le cadre des dernières heures de la Commune et le camp retranché improvisé des fédérés. Les Communards y avaient installé leur artillerie, une dizaine de canons, mais ils étaient encerclés par les Versaillais. Les derniers Communards étaient donc réfugiés dans une nécropole assiégée par les troupes ennemies qui les bombardaient dans leur position de repli. Par manque de munitions, les combats se firent à l'arme blanche, au milieu des caveaux. Un lieu de mémoire devait rester : le Mur des Fédérés, devant lequel devaient être fusillés 147 Communards survivants, emblème de cette période brève qui laissa peu de monuments. Les balles sifflaient. Blottie entre deux tombes, Toulouse dévorait des yeux l'Histoire qui se jouait devant elle. Elle était témoin de ces évènements mémorables. Comme elle avait envie d'aller fouler de ses pieds la fosse commune au pied du Mur où seraient jetés les fusillés, posant sa trace pédestre sur la terre encore fraîchement retournée de la dernière tombe de l'insurrection parisienne. Et l'Internationale résonnait à ses oreilles quand elle regardait les Versaillais attaquer les derniers Communards.

On traque, on enchaîne, on fusille Tous ceux qu'on ramasse au hasard.

Agenouillée au pied d'une sépulture, Toulouse regarda passer un Communard, baïonnette au poing. Elle éprouva une bouffée d'admiration pour ces hommes qui étaient pour elle les héritiers des Sans-Culotte. Oui, celui-là, avec ses joues mal rasées, son épaule ensanglantée et son pantalon déchiré, allait être son cobaye.
-Sic itur ad astra.
L'homme, surpris par la voix surgie d'entre les tombes, se retourna vivement. Avant de se retrouver dans son corps endolori, Toulouse eut le temps d'apercevoir au milieu de la crasse de son visage deux yeux au regard bleu, et surprit derrière la surprise une force qui la surprit. Puis elle fut lui. C'était comme si tout était vrai. La baïonnette pesait lourd entre ses mains et du sang poissait ses paumes. Elle sentait l'inconfort des vêtements, l'air âcre dans ses poumons, le métal contre sa peau. L'illusion était parfaite, un vrai paradoxe qu'on aurait pu nommer "le paradoxe de la réalité illusoire" (dissertation en trois heures !).
Elle avança avec prudence dans la nécropole. Ce cimetière était un vrai labyrinthe de quarante-quatre hectares et soixante-dix mille tombes. Ses mains, rendues moites par l'excitation, glissaient sur la baïonnette. Lorsqu'elle aperçut, à quelques mètres à peine, des combattants, elle s'accroupit près de la massive croix en pierre d'une tombe, lourde et rectangulaire, dont la dalle défoncée et éventrée par un boulet de canon béait. Malgré la confusion, elle distinguait assez aisément les Versaillais, militaires en uniforme, des Communards, civils. Et tous se battaient et mouraient dans cet endroit déjà lieu de mémoire, apportant par ce jour mémorable une pierre de plus au champ de bataille des souvenirs. Le cimetière devenait un lieu de relation entre vivants et morts, entre futurs morts et leur tombeau d'éternité… Il y avait quelque chose de fascinant à voir comment le sang et la bataille s'immisçaient au milieu de la nature, de la paix, de l'art, de l'harmonie du cimetière. Là où on se recueille habituellement, où on se laisse aller à la rêverie, où on s'abandonne au déluge et au flot des souvenirs, cherchant dans un passé révolu une consolation face à la mort, avait lieu un évènement historique à l'opposé des actions normales que l'on fait dans un tel lieu de poésie. Mélange de pierre et d'arbres printaniers, tombes dont le propre cercueil était un écrin de verdure, décor unique et pourtant… Pourtant là des hommes étaient venus chercher la mort dans d'ultimes combats, loin des barricades et des rues étroites de la cité. Les lieux avaient un air de campagne et de rêve, un air d'insolite et de romantisme jusqu'à l'explosion des coups de canon. Et, protégée par la dernière demeure d'un parfait inconnu, Toulouse ne pouvait s'empêcher de songer à quel point l'endroit différait de la visite qu'elle y avait faite, lorsqu'elle avait brièvement habité Paris. Dans les longues allées des groupes de touristes suivaient docilement leur guide, des couples cherchaient frénétiquement la tombe d'Edith Piaf ou de Balzac, et, parfois, rarement, une veuve éplorée venait déposer un bouquet de fleurs fraîches sur le tombeau familial où elle venait d'abandonner son mari, son propre nom étant déjà gravé sur la pierre, avec la date de naissance, et, après le tiret, un espace laissant la place à sa date de mort, le jour où elle viendrait à son tour reposer parmi les siens. Il lui semblait que ce n'était pas deux siècles qui séparaient ces deux visites, mais des années-lumière, tant l'atmosphère et l'ambiance des lieux de chacune d'entre elles étaient aux antipodes l'une de l'autre. C'était comme si ce n'était même pas le même cimetière. Et songer que la plupart des touristes imbéciles qui trottinaient après leur guide comme un troupeau de moutons se rendaient en ces lieux sans imaginer une seconde qu'un jour l'endroit qui résonnait des explications monotones du guide avait vu les canons et les fusils claquer dans l'air, sans imaginer non plus à quel point la scène que vivait Toulouse avait été spectaculaire, rendait la jeune fille encore plus passionnée par ce privilège qui lui était accordé en même temps que son pouvoir. Tous les historiens du monde et leurs longues descriptions fanatiques ne pouvaient remplacer le fait de se retrouver au cœur même des évènements, même s'il ne s'agissait que d'une illusion, même si, dans peu de temps, Toulouse serait à nouveau une jeune étudiante (ex-étudiante !) au Japon.
Elle voulait voir cela de plus près. Prudemment, elle se glissa contre une autre tombe, puis se jeta à plat ventre et rampa sur la terre rouge écarlate imbibée par le sang de quelques corps qui gisaient là. Elle se releva discrètement. Oui, là, c'était mieux. Une dernière fois, elle embrassa du regard la scène. Les derniers hommes tombaient. Bientôt, Thiers, chef du pouvoir exécutif et organisateur de la répression, ferait fusiller les Communards survivants. Toulouse se remit debout, et tourna le dos au combat.
-De nobis fabula narratur.
Au lieu de se poser sur l'herbe du cimetière, ses pas se retrouvèrent dans le monde réel. Et c'était vrai. Cette histoire, c'est la nôtre. C'était des moments de l'Histoire, des moments qui avaient forgé des hommes, une nation, un mode de pensée, une opinion. La Commune restait pleine de symboles et le socialisme avait voulu en faire son mythe. Mais ces hommes, qui s'étaient battus parce qu'ils croyaient à des idéaux différents, ils n'étaient pas les ancêtres des militants actuels, ils étaient le produit de trois révolutions. Paris avait connu ses derniers troubles révolutionnaires cette année-là, mais le printemps 1871 devait laisser une trace forte.
Pour Toulouse, vivre ces instants avait surtout été le moyen de réaliser le caractère exceptionnel qu'avait désormais son existence. Enfant, elle avait bien sûr joué avec son frère à avoir des superpouvoirs. Mais maintenant, c'était pour de vrai. Et il était jouissif de songer à quel monde lui ouvraient ses nouveaux pouvoirs. Elle qui avait toujours rêvé d'être quelqu'un, d'être un héros ou un grand personnage, elle avait à sa portée la vie passée des autres, mais aussi la puissance pour jouer son propre rôle dans le long fleuve de la vie.
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